lundi 9 mai 2016

Joey Causse #The Bohol Dance Project



Rencontre avec Joey Causse, jeune danseur marmandais qui s'envolera bientôt pour les Philippines. A 20 ans, Joey a été sélectionné pour participer à un stage intensif de danse, à Bohol aux Philippines. Ce projet est né en 2015, là où passion de la danse et élan social se sont croisés. Pour Joey, qui passe un concours d'admission en formation pro juste avant de s'envoler pour l'archipel Philippin, l'émotion est au RDV ...

Myriam_ Joey, ça te fait quoi, l'optique de ce voyage ?

Joey_ Je crois que j'attends d'être a l'aéroport pour y croire vraiment ! C'est mon premier voyage hors d'Europe, la première fois que je prendrai l'avion aussi ... En dehors de ça, l'idée d'un stage de danse est toujours très stimulante, surtout si elle est associée comme c'est le cas ici à une ouverture culturelle ; mais aussi en toile de fond à un projet à dimension sociale. Je sais d'avance que l'expérience va être riche !

Myriam_ oui c'est évident, et nous suivrons le déroulement du stage via les réseaux sociaux ! Nous reviendrons sur la présentation du projet dans un second temps. Avant tout, j'aimerai savoir un peu mieux ce qu'est la danse pour toi, d'où te vient cette passion au point de vouloir en faire un métier ; et aussi tes projets à moyen et long terme. Pour commencer, quel concours d'entrée est ce que tu présentes avant ton départ pour les Philippines ?

Joey_  le concours d'admission pour la formation Rêvolution à Bordeaux le 2 avril. J'ai passé le cap des pré-sélections ... Maintenant il va falloir assurer le concours final !

Myriam_ Rêvolution, c'est une formation ( et compagnie de danse ) Hip Hop non ? C'est donc ton style en danse ... ?

Joey_ oui, même si le terme " Hip Hop " est aujourd'hui extrêmement large vu la diversité des styles dans le Hip Hop, et les influences que chaque style reçoit souvent d'autres genres de danses ... Et quand je dis " genre " ... Ça va du Classique au Contemporain en passant par le Jazz, qui en soit par exemple est extrêmement riche. Bref ... Difficile de définir concrètement le style de certains danseurs qui comme moi ont tendance à piocher des éléments dans chaque univers. Mais c'est vrai qu'on peut toujours repérer une dominante.

Myriam_ et donc, quelle est la dominante dans ton style ?

Joey_ Lyrical hip hop, New Style, Contemporain. Sur ces bases, ma danse s'enrichit d'apports Abstract, et Académiques ( Jazz, Modern-jazz, Contemporain et surtout Classique ). Les cours de Classique me permettent de structurer mon mouvement différemment. J'apprécie beaucoup et reconnais l'importance de ce genre de bases, quel que soit le style de danse pour lequel on opte. Quand j'ai commencé la danse je n'aurai jamais pensé faire du Classique un jour !

Myriam_ c'est vrai, le Classique est une base pour beaucoup de danseurs, bien souvent une première approche dans l'enfance qui fait qu'une graine est semée coté danse. Mais pour toi, les cours de Classique n'ont pas été la première approche je crois. Comment est ce que tu es tombé dedans ?

Joey_ en fait il y a eu un événement bien précis, et fort, comme un clash ... à la mort de Mickael Jackson. C’était en 2009 donc. Jusque là je ne m'étais jamais intéressé à lui en tant qu'artiste. Mais le jour de sa mort, je me souviens il y a eu cet hommage à la radio ... Et à partir de là se sont enchainés clips et rétrospectives, en masse dans les médias. Et puis il y a eu le film This is It. Voir sa danse ... Il y a eu un déclic, je ne sais pas comment l'expliquer. J'etais encore au collège à l'époque. Et j'ai commencé à vouloir savoir danser. Spontanément, j'ai regardé plus de clips où la danse a une place ... Et à partir de ce que je voyais, je reproduisais du mieux que je pouvais les mouvements, en solo devant mon miroir. Ça a duré 2 ans comme ça, avant que je me décide à aller prendre des cours. C'est marrant parcequ'artistiquement, c'est comme si une porte s'ouvrait, de façon plus générale.

Myriam_ comment ça ?

Joey_ à la base je dessinais un peu, et je suis devenu beaucoup plus productif et créatif. J'ai aussi commencé à avoir un autre regard sur le cinéma, une autre écoute de la musique. Concrètement pour la danse, j'ai beaucoup appris de mom premier prof, Nahim Amenzulu. C'était à l'école Manelogui de Sainte Bazeille. Cette période correspond à mes années lycée, puisque j’étais en première quand j'ai commencé à prendre mes premiers cours. Jusqu'au BAC j'ai eu cette idée que faire de la danse un métier serait génial, mais je croyais cette idée trop folle. Il fallait penser FAC ou BTS ... C'était plus raisonnable comme choix. C'est compliqué à cet âge de s'affirmer dans un choix moins conventionnel, et l'artistique n'a jamais rassuré en ce qui concerne la stabilité professionnelle. Malgré tout je ne regrette toujours pas le choix de cette voie ... Bien au contraire ! Au moins je sais pourquoi je me lève chaque matin. Après l'école Manelogui, il y a eu ( et c'est encore d'actualité ) l'école de danse Chorea à Marmande. Depuis bientôt 3 ans, j'y approfondis mon Hip Hop et j'ai commencé le Modern, le Contemporain  et le Classique. Mes profs sont super présents dans mon évolution. Nathanaëlle Guisset, Nicolas Nguyen, Chloé Berthou, Elodie Lauriere.

Myriam_ donc ton style à la base, c'est la danse Hip Hop ... ?

Joey_ oui. Mon style s'est affiné et aujourd'hui je sais mieux où je vais de ce coté là. Mais oui ça a toujours été le Hip Hop.

Myriam_ du coup, on va essayer de comprendre mieux ce qu'est le Lyrical. En fait, le terme vient de " lyrics " non ? ... Les paroles. C'est quoi l'idée ?

Joey_ l'idée c'est qu'il y a très clairement un lien entre les paroles et la danse. Une connexion émotionnelle. Une forme d'interprétation ...

Myriam_ pour t'avoir vu danser, et regardé quelques vidéos par dessus ... en fait c'est un style de danse assez fluide non ? On voit bien l'interprétation musicale par le mouvement, c'est vrai. Dans la musicalité je veux dire. En dehors du sens des paroles.

Joey_ oui, c'est un tout, en ce qui concerne cette connexion dont je parlais à l'instant.

Myriam_ c'est un style que j'aime bien regarder en tous cas :-) et les choix musicaux qui s'y rattachent ... J'apprécie également. Je trouve que c'est un style qui se mixe bien avec des univers esthétiques, comme on peut voir dans ta dernière vidéo ( pré-sélection pour le concours de la formation Rêvolution )

Joey_ oui cette vidéo a eu son petit succès ! J'en ai tourné une séquence dans une galerie d'art marmandaise : Égrégore.

Myriam_ et la suite ? Tu te vois comment en tant que professionnel ? Enseignant ou danseur pro ?

Joey_ Danseur pro ; la vie au sein d'une compagnie. Ce qui me motive c'est d'intégrer une compagnie, d'évoluer avec un groupe qui soit dans la recherche, l'investigation du mouvement. Plus jeune, j'ai pu rêver de plateaux télé ... Maintenant je considère les choses autrement. L'expérience de la télé est certainement très formatrice, mais en soi ce n'est plus une fin dans ce que je souhaite découvrir professionnellement.

Myriam_ et bien ... Je te souhaite de réaliser tous tes rêves :-) pour terminer cette petite interview, j'ai envie de mettre en avant le projet de stage de danse à Bohol. Surtout que la participation financière est encore ouverte via Leetchi, un site de financement collaboratif.

www.leetchi.com/c/projets-de-joey-chinwy



International dance workshop in Bohol

C'est en 2014 que naît l'idée du projet. Guillaume Morgan et Nicola Ayoud étaient en résidence artistique à Manille en mars de cette année. Guillaume enseignait et chorégraphiait pour 30 jeunes danseurs, assisté par Nicola. C'est à cette occasion qu'ils ont rencontré Lutgardo Labad, directeur du teatro Bol Anon ( Bohol ) et président de la commission nationale pour la culture et les arts des Philippines. Enthousiasmé par leur travail, il les invite à se rendre à  Bohol à la rencontre des jeunes danseurs de l'île à l'occasion d'une journée d'échanges et de conférences. Au cours de discussions, ces danseurs livrent leurs espoirs, leurs attentes et leurs frustrations face au manque de soutien et d'aides dont ils bénéficient. Mais l'essentiel est là : la passion de la danse. La journée se termine par une invitation de Lutgardo Labad et du groupe à revenir à Bohol en 2015 pour y mener un workshop.

De retour à Paris, Guillaume et Nicola réfléchissent à la meilleure manière de répondre à la demande des jeunes artistes de Bohol. Ils prennent conscience que ces danseurs n'ont pas la possibilité de se former ou de se perfectionner faute de moyens. Il y a pourtant un potentiel incontestable, des talents à faire émerger et un grand enthousiasme. Guillaume et Nicola ont donc organisé le premier workshop, au printemps 2015. Face au succès de cette première édition, l'expérience est reconduite cette année. Avec au programme tout un panel de cours de danse variés encadrés par des professeurs passionnés.

Retrouvez le projet sur Facebook !